Night at the O’Farrell chez Alpha Blue Archives

Il reste encore des contrées inexplorées dans le 7e art. La preuve cette semaine avec au moins deux nouveautés sélectionnées par Sin’Art.

Avec un scénario dans lequel une organisation internationale doit empêcher qu’une nouvelle source d’énergie ne tombe entre les mains de l’une des dernières émanations capitalistes, le feuilleton Die Stunde des Skorpions, produit par la télévision est-allemande, ne peut pas laisser indifférent. Nul doute qu’il sera prochainement chroniqué sur ThrillerAllee, le site du cinéma allemand qui vibre.

En attendant, nous souhaitions ici aborder Night at the O’Farrell, l’une des dernières sorties de Alpha Blue Archives, un éditeur américain spécialisé dans le X vintage. Lorsque Sin’Art était encore une boutique de VPC, nous en importions des tonnes. Les bénéficiaires se plaignaient un peu de la qualité, parfois limite, de l’image de certains films. Toujours est-il que nous tenions là un éditeur sérieux s’acharnant à mettre la main sur des perles oubliées.

Night at the O’Farrell est une compilation rendant hommage au Mitchell Brothers O’Farrell Theatre.

L’établissement ouvre en 1969 ; il s’agit alors d’un cinéma diffusant des films classés X produits par la maison. Les saynètes d’une quinzaine de minutes, surnommées loops, coûtaient, à celui qui voulait les voir, 25 cents la minute. Ambitieux, les frères Mitchell, Jim et Artie, se mettent même à la réalisation.

Fruit de leur travail, Derrière la porte verte sort en 1972 et en avant-première au O’Farrell. Avec Gorge Profonde paru la même année, ce premier effort ouvre la voie à l’âge d’or du X américain. Ni plus ni moins. D’ailleurs, le film est aujourd’hui considéré comme un classique du cinéma X. C’est aussi l’un des plus rentables du genre. Une jolie réussite pécuniaire, bien aidée par une fulgurante révélation… Rendez-vous compte : l’actrice est la dame qui figure sur le paquet de lessive en poudre disponible au drugstore du coin !

Dès lors, Marylin Chambers laisse tomber les boîtes en carton et travaille au cinéma. La plupart du temps dans le porno, comme à l’occasion de insatiable (1980)… Mais pas que, puisque David Cronenberg lui donne également sa chance avec Rage (1977).

En ce qui concerne les frères Mitchell, Derrière la porte verte s’avère une telle manne financière que le bénéfice leur permet d’ouvrir plusieurs salles de cinémas pornos.

Rapidement néanmoins, le X sur grand écran ne fait plus recette. En particulier à cause de l’apparition de la VHS. En effet, les magnétoscopes permettent désormais aux curieux de regarder du porno bien au chaud à la maison, le postérieur confortablement calé dans le canapé. La remise en question est cependant de courte durée. Déjà les cinémas X se recyclent en boîtes de strip-tease. C’est dans ce contexte que surgit des établissements Mitchell la désormais célèbre lap dance. Une pratique consistant, pour les demoiselles, à se déhancher sur les cuisses du client.

Les recettes récoltées par Derrière la porte verte permettent également aux frères Mitchell de produire et de réaliser de nombreux films X. Parmi les plus fameux, citons Inside Marilyn Chambers (1975), un documentaire sur l’actrice alors au sommet de sa carrière, Resurrection of Eve (1973) toujours avec la star, ou encore The Autobiography of a Flea (1976), un joli porno en costumes avec Annette Haven et John Holmes.

Les films proposés par Alpha Blue Archives datent tous d’avant Derrière la porte verte et, entre nous, n’ont pas la réputation de casser trois pattes à un canard…

En 1985, les frères Mitchell produisent leurs derniers films. The Grafenberg Spot (1985) inclut une Traci Lords mineure. Tourné en 24 heures, montre en main, Derrière la porte verte 2 est considéré, pour sa part, comme l’un des plus mauvais films pornos de tous les temps…