La Bête aveugle de Yasuzo Masumura

Parmi les nouveautés de la semaine sélectionnées par Sin’Art, nous vous recommandons… La Bête aveugle disponible en édition collector dès novembre chez The Jokers.

On aurait tout aussi bien pu vous parler des trois films est-allemands proposés par Artus Films. Mais, pour Eolomea, Dans la poussière des étoiles et Coeur de Pierre, on vous suggérera de vous reporter sur la page d’accueil de ThrillerAllee.com où vous trouverez le lien vers les critiques.

De même, évoquer avec vous la saga OSS 117 était également une possibilité… Mais nous vous conseillerons de vous abonner gratuitement au site de Sueurs Froides. L’abonnement vous permettra de télécharger tout aussi librement le numéro 29. En ses pages, figure un dossier concocté par Patryck Ficini et consacré au plus célèbre des espions français.

Enfin, aborder la série des Tomie nous a également titillé. Mais, une fois encore, nous vous encouragerons à télécharger cette fois-ci le volume 34 de Sueurs Froides. Vous y découvrirez un dossier intitulé « Les garces sont immortelles ». Le papier, une nouvelle fois conçu par Patryck Ficini, aborde sept films de la saga.

Bref, arrêtons de nous disperser et venons-en aux faits, rien que les faits… Et plus particulièrement à cette étrange Bête Aveugle.

La Bête aveugle est l’adaptation du roman éponyme, écrit en 1931 par Edogawa Rampo. Dès les années 20, Rampo introduisit dans ses œuvres des éléments étranges…. Or, La Bête aveugle représente le point culminant du genre ero guro nansensu, littéralement « érotisme grotesque et absurde ».

Au cinéma, le genre fut très populaire dans les années 60. Avec, par exemple, la saga des Tokugawa initiée par Teruo Ishii (Femmes criminelles en 1968, L’Enfer des tortures en 1969…). L’Effrayant Docteur Hijikata (1969) est également tiré d’une œuvre d’Edogawa Rampo. Plus proche de nous, en 2005, citons Strange Circus de Sono Sion.

Yasuzô Masumura, réalisateur de La Bête aveugle, s’avère lui-même un spécialiste du genre. Outre La Bête Aveugle, il met en scène Tatouage (1966) dans lequel une femme se mue en dangereuse amante criminelle après le tatouage d’une araignée sur son épaule. Le film, à ajouter à votre liste de souhaits, figure aussi dans le catalogue The Jokers. Dans la filmographie de Yasuzô Masumura, on trouve également Hanzo the Razor – L’Enfer des supplices. Le film, réalisé en 1973, s’articule autour d’un inspecteur n’hésitant pas à user de la torture ou des capacités aphrodisiaques de son gigantesque pénis pour faire la chasse au crime.

Autant dire que Yasuzô Masumura navigue en terrain connu avec La Bête aveugle. Il se contente d’adapter une petite partie du livre en recentrant l’intrigue sur la séquestration d’une seule et unique muse. Celle-ci est censée inspirer le maniaque afin qu’il accouche de la sculpture parfaite et définitive.

L’élément le plus remarquable du film se niche dans les décors surréalistes créés par Shigeo Mano. Et plus particulièrement les sculptures représentant différents organes humains qui trônent dans le sombre et sordide atelier où se déroule l’action. Mains, bras, yeux, oreilles, bouches, organes génitaux féminins tapissent les murs et forment des éléments qui rappellent le travail accompli par Salvador Dalí pour les séquences de rêve de La Maison du docteur Edwardes (1945) d’Alfred Hitchcock.

Dans ce cadre ainsi agencé, la relation aberrante entre le modèle et son artiste tente de nous faire toucher la folie de près. Et les images excentriques érotisant la soumission se révèlent tout bonnement aussi inoubliables que dérangeantes.