Entretien avec Patryck Ficini, traducteur du Retour des Damnés

C’est Patryck Ficini que l’on doit remercier de nous avoir permis de découvrir le Retour des Damnés de Harry Small, alias Mario Pinzauti, un petit maître de l’épouvante à l’italienne. Le Retour des Damnés est une série B littéraire unique en son genre qui évoque de façon magistrale mais délicieusement bis la légende de la Comtesse Báthory. Avec Patryck, qui accompagne depuis très longtemps Sin’Art, et plus particulièrement Sueurs Froides, nous revenons sur son travail de traducteur.

Comment as-tu découvert la littérature populaire italienne ?

Je l’ai découverte par curiosité, alors que je m’intéressais déjà énormément à la littérature populaire française mais aussi à la BD italienne, les fameux fumetti. Je me suis dit qu’il devait forcément y avoir des auteurs « de genre » italiens, sans doute moins prestigieux que les excellents Scerbanenco ou Teodorani, mais qui n’en seraient pas moins dignes d’intérêt pour autant. J’ai découvert qu’il y avait eu un certain nombre de collections fantastiques, SF, espionnage, etc… en Italie, portées par de nombreux spécialistes du roman de gare, souvent sous pseudonymes.

Comment cela s’est-il passé (les débuts de l’aventure) et qu’est-ce qui t’a séduit dans le projet Le Retour des damnés ?

Après avoir lu une passionnante étude du spécialiste Sergio Bissoli sur le sujet, j’ai découvert les Racconti di Dracula par le biais de quelques rééditions, puis par des originaux achetés d’occasion en Italie. J’en ai dévoré une partie avec l’enthousiasme de la découverte, en version originale. J’ai acheté aussi les Dracula Pocket en français qui en offraient les traductions dans les années soixante. Il y a eu 11 titres traduits à l’époque et je me suis dit que c’était un peu dommage d’en rester là. Surtout qu’ils étaient bien plus agréables à lire en version originale, principalement à cause de traductions très discutables.

Quel(s) objectif(s) poursuivais-tu en te lançant dans cette traduction ?

L’objectif principal était simple : permettre une redécouverte des Racconti di Dracula à des lecteurs d’aujourd’hui, suffisamment curieux pour donner une chance à tout un pan de la littérature populaire qui n’intéresse plus aucun éditeur classique, malgré quelques qualités indéniables. Le Retour des Damnés méritait vraiment qu’on lui offre une bonne petite traduction !

Quelles sont les contraintes de traduction que tu as rencontrées ?

En le traduisant, le but était de rester très fidèle à la qualité, limitée mais bien réelle, du texte original. Le Retour des Damnés a beau être un roman de gare, il n’en demeure pas moins inventif, sexy et très efficace. Un vrai petit plaisir de lecture qu’il serait dommage de négliger !

L’auteur a-t-il un style que tu peux qualifier et es-tu parvenu à le rendre en français ?

Harry Small écrit très correctement. L’extrême rapidité avec laquelle il écrivait ses romans ne nuit nullement au plaisir indéniable qu’ils peuvent procurer à un lecteur ouvert d’esprit et curieux. Certains diraient « indulgent »… peut-être… mais n’est-ce pas là l’une des principales qualités du véritable amoureux de littérature populaire ? Une littérature souvent méprisée, dont l’horreur et le fantastique, comme ici, n’en sont que deux des innombrables ingrédients.

Je pense effectivement avoir réussi à respecter le style de Harry Small. Sans cela, pour moi, le projet n’aurait guère eu de sens. Il est vrai qu’il est assurément plus aisé à traduire, par sa relative simplicité, qu’une œuvre de l’immense Alda Teodorani, à l’écriture plus riche et plus littéraire. Dans les deux cas, puisque j’avais traduit L’Isola, de Alda, pour Les Éditions de l’Antre, tout est dans le profond respect que je porte à l’œuvre originale.

Est-ce que tu réitérerais l’expérience ? Pourquoi ?

Traduire à nouveau un bouquin d’horreur italien ? Pourquoi pas, tout reste possible, mais pas pour l’instant. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à le faire.

Quelles autres œuvres disponibles en France nous conseillerais-tu ?

En France, on peut toujours acheter les Dracula Pocket d’occasion. Ce n’est pas franchement bien traduit mais c’est le seul moyen pour qui ne lirait pas l’italien de se faire une bonne idée des thèmes des Racconti di Dracula.

Dans le même genre, on lira aussi les collections bien françaises Angoisse et Gore, au Fleuve Noir.

Quant à l’œuvre très noire de Alda Teodorani, tout mériterait d’être traduit mais c’est encore loin d’être le cas, bien malheureusement.

Hantik Books :

Sin’Art se passionne pour les livres avec la collection Hantik Books dédiée à la littérature populaire. Premier titre de la collection, le Retour des Damnés est une série B littéraire qui évoque de façon magistrale mais délicieusement bis la légende de la Comtesse Bathory. Retrouvez la collection en cliquant ici

L’isola d’Alda Teodorani est également disponible dans le catalogue Sin’Art : cliquez ici pour accéder à sa fiche.

Nous vous conseillons également L’Antre Kriminel, ouvrage pour lequel Patryck Ficini a rédigé le dossier les Héritiers de Fantômas dans le Fumetto Nero, la BD Italienne des Sixties, complément essentiel aux dossiers Les Supers Criminels Italiens dans Sueurs Froides 27 et Les Méfaits de Kilink dans Sueurs Froides 29. Cliquez ici pour accéder à la fiche.